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Avec une soixantaine de vignerons bien établis en Wallonie, le Sud de la Belgique propose désormais une offre vinicole alliant variété et qualité. Avec ses 4 appellations officielles, la Wallonie n’en est pas encore au stade de développement de la région de Bordeaux certes. Mais la qualité des vins ne fait qu’augmenter. Et la reconnaissance de nos vignobles suit la tendance !
Pour la petite histoire, il existait déjà un vignoble à Huy et un autre à Gand dès l’an 815. Mais c’est dans les années 60’ que la Wallonie a vu renaître les vignes sur ses terres. Et on dépasse aujourd’hui les 130 hectares de vignes en Wallonie ! La Belgique compte au total 350 hectares de vignes et 1 petit million de litres de vin a été produit en 2018.
Vous en avez déjà rencontré plusieurs dans l’article intitulé « Sur les routes des vignobles de Wallonie (partie 1) », paru ici l’an dernier. Nous partions à la rencontre de vignerons professionnels ou plus artisanaux. Des passionnés désireux de donner aux vins wallons ses lettres de noblesse.
Je vous propose aujourd’hui d’explorer d’autres vignobles et de découvrir d’autres fervents producteurs de vins wallons.
C’est parti pour une balade aux 4 coins des vignobles de Wallonie !
Situé à 10km de Profondeville et à 17km de Dinant, le Château de Bioul est un domaine vinicole relativement récent en Wallonie. Mais qui n’a pourtant rien à envier à des domaines plus réputés !
Créé en 2009 au cœur d’un patrimoine exceptionnel, le vignoble de 11 hectares est uniquement composé de cépages interspécifiques, résistants aux maladies de la vigne et plus adaptés aux climats septentrionaux. On y retrouve ainsi du Broner, Johanniter, Solaris, Muscaris ou encore du Cabernet blanc. Le Château de Bioul travaille avec 8 cépages pour produire des vins frais et fruités, et presque exclusivement des blancs et des bulles. D’ailleurs, leurs bulles Brut de Bioul 2017 ont remporté une médaille d’argent lors du dernier Concours Mondial de Bruxelles.
Voici 3 bouteilles que vous pourrez goûter au Château de Bioul, parmi leur vaste gamme :
Crémant rosé : fruits rouges, framboise et une pointe de douceur en bouche, pourtant il s’agit d’un mousseux brut. Très frais, avec une petite amertume persistante en fin de bouche. Longueur, rondeur et ampleur sont les maîtres-mors de ces bulles bien faites.
Terre Charlotte : un vin blanc frais et minéral avec des arômes de citron et de pamplemousse. Rond et fruité, très fin et bien équilibré avec une pointe d’acidité en fin de bouche qui confère à ce vin une fraîcheur bien maîtrisée.
Batte de la Reine : un vin blanc fruité et minéral, avec une fine acidité et une pointe végétale. Parfait en apéro ou avec des crustacés.
Quelques restaurants de prestige ont d’ailleurs intégré à leur carte des vins certaines cuvées du Château de Bioul : Le BonBon, L’Eau Vive ou encore L’Essentiel par exemple. Tous des restaurants étoilés !
De plus, à l’instar de ce qui se fait chez nos voisins français, le Château de Bioul a décidé de tirer parti de son exceptionnel patrimoine architectural et paysager pour proposer une offre oenotouristique unique en Wallonie ! Découvrez-en plus dans l’article « Oenotourisme au Château de Bioul ».
Ce domaine de 4 hectares est situé à Thorembais-les-Béguines, près de Perwez (Brabant wallon). Créé en 1993 par un trio d’amis, le Domaine de Mellemont est resté le plus important vignoble de Wallonie jusqu’aux années 2000 (avec l’arrivée du Domaine du Chenoy notamment). Il produit actuellement 15.000 bouteilles par an mais vise à multiplier la production à l’avenir.
Aux côtés d’Etienne Rigo, agriculteur, et de François Vercheval, expert en informatique, on retrouve aussi Pierre Rion, ingénieur civil de formation et aujourd’hui président de l’Association des Vignerons de Wallonie.
Le Domaine de Mellemont travaille plusieurs cépages, certains traditionnels et d’autres aux noms moins familiers. Aux côtés du Muller-Thurgau et de l’Auxerrois, on retrouve ainsi du Solaris, du Muscaris, de l’Ortega ou encore du Zieger.
Côté production, la cuvée Le Blanc représente à elle seule 2/3 de la production. Cet assemblage de 90% de Muller-Thurgau et de 10% d’Auxerrois donne un vin blanc sec, plus floral que fruité. Une entrée de gamme parfaite pour l’apéro ou avec des crustacés.
La cuvée La Toussaint, issue d’une sélection parcellaire sur des vignes vieilles de 25 ans, monte en qualité. Le résultat est toujours sec et fruité, mais avec un côté plus gras en bouche et plus de persistance.
La cuvée du Verger des Moines, composée de 30% de Solaris et 70% de Zieger, est un vin plus haut de gamme, équilibré entre rondeur et vivacité et qui donne des arômes d’ananas à l’attaque et de fruits secs en fin de bouche.
Enfin, côté bulles, le Domaine de Mellemont s’est démarqué en créant 2 bouteilles différentes : les Bulles pour Elle et les Bulles pour Lui. Les premières étant plus sucrées que les secondes. Et personnellement, mon palais, bien que féminin, apprécie davantage les bulles masculines pour leur côté brut et leur vivacité. Autre spécificité, ce mousseux est fait à partir d’Auxerrois et de Muller-Thurgau, là on de célèbres domaines wallons ont choisi de produire leur mousseux à base de Chardonnay.
Niché à Baulers, juste à côté de Nivelles, le Vignoble du Chapitre n’a pas chômé depuis 2013 ! Avec une petite dizaine de vins proposés, cette propriété familiale a reconverti l’exploitation agricole en un vignoble de 10 hectares. Variété des cépages et agriculture 100% raisonnée démarquent ce domaine.
Bronner, Helios, Régent, Rondo, Solaris, Muscat bleu, mais aussi Chardonnay, Pinot Noir ou Cabernet : le Domaine des Vins du Chapitre produit des bulles, des vins blancs secs, des rouges épicés et un vin rouge plus liquoreux.
Le mousseux Brut Nature, fait de 50% de Chardonnay, de Bronner et d’Helios, est produit selon la méthode traditionnelle. Il est hyper frais et offre des arômes sur la pêche mûre avec une pointe d’agrumes. Un mousseux fruité, persistant et équilibré qui garde une petite acidité sur la fin et demande juste un accompagnement pour se révéler.
L’Helios 2017, vin blanc fait uniquement du cépage Helios, est un vin frais et floral, sur les fruits blancs et l’ananas vert. Une acidité droite mais maîtrisée, pour les amateurs de vins vifs.
Le Rêve bleu est quant à lui un rouge liquoreux, élaboré à base de Muscat bleu, dont 1/3 a été élevé en barrique. Un nez frais, sur les fruits rouges et la rose. Une attaque sucrée en bouche, avec des fruits rouges bien mûrs, mais très frais et facile à boire. Avec sa pointe d’alcool et d’épices en fin de bouche, c’est un vin bien équilibré qui mérite d’être découvert.
Enfin, la très bonne surprise du Domaine, à mon sens, c’est le vin rouge Saint-Rémi. Vieilli 7 mois en fût, ce 100% Régent est un vin rouge complexe, évolué et très aromatique, entre fruits noirs et épices. C’est rond en bouche, bien équilibré, avec un petit côté poivré qui rappelle la Syrah. A assortir aussi bien d’une viande rouge que d’un gâteau au chocolat !
Cette coopérative est installée du côté de Oupeye depuis 2012 et compte à ce jour 2.100 coopérants. Ensemble, ils ont permis de développer le vignoble et de le positionner dans le paysage vinicole. C’est aujourd’hui un vignoble incontournable qui produit parmi les vins les plus aboutis du pays.
À l’origine du projet, on retrouve un duo: Fabrice Collignon et Alec Bol, tous deux ingénieurs commerciaux de formation. Deux amateurs de bon vin également investis dans l’économie sociale, ce qui explique que le Domaine Vin de Liège soit également une entreprise d’insertion sociale dédiée aux activités maraîchères sur les 16 hectares du vignoble.
Et la formule fonctionne! Avec 2 bulles, 6 vins blancs, 2 rosés et 3 rouges, la gamme de Vin de Liège est plus qu’étoffée! Et en plus, tout est bio.
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Une partie de la gamme de vins du Domaine Vin de Liège ©Experience Vins
Concrètement, si l’équipe du Domaine permet de produire les 90.000 bouteilles annuelles, c’est aussi grâce aux coopérants que l’affaire tourne. Ceux-ci soutiennent le projet en investissant (500€ la part) et en participant, sans obligation, aux vendanges. Sans compter les ateliers thématiques mensuels qui permettent de s’initier à la taille des vignes et autres aspects techniques. C’est en effet un des avantages d’être coopérant: on peut participer activement à la vie de la vigne, en passant de la théorie à la pratique.
Côté vins, les cuvées sont meilleures les unes que les autres. Voici quelques-une de ces pépites:
Ô de Craie: un vin blanc 100% Johanniter, à la fois minéral, frais et fruité avec une belle vivacité à l’attaque. Sa jolie rondeur et sa bonne longueur en font un vin facile à assortir en repas, mais un vin agréable à déguster seul également. Par contre, il faut être à l’affût pour s’en procurer: à peine en vente, l’Ô de Craie est déjà en rupture de stock!
Contrepoint: un vin blanc très aromatique, sur les agrumes (citron et pamplemousse), très frais avec une jolie note de miel. Cet assemblage de Sauvignier gris et de Solaris profite de son passage de 9 mois en barrique pour donner un vin rond et persistant (on sent l’ensoleillement), vif en bouche et structuré grâce au bois. Un vin bien équilibré.
Odyssée: un vin rouge à la couleur rubis léger, très fruité (sur la groseille et la petite fraise des bois) avec un côté léger qui rappelle le Gamay. Les notes de cerise et d’épices rappellent quant à elles le Pinot Noir. Pourtant, voici un 100% Pinotin très rond et facile à boire, ni puissant ni tannique. Le vin parfait pour un été en terrasse!
Et on ne peut évidemment pas parler de Vin de Liège sans citer l’Insoumise, leurs bulles élaborées selon la méthode traditionnelle. Bulles qui ont remporté la médaille d’Or au Concours Mondial de Bruxelles 2019! Le Souvignier gris et le Johanniter parviennent ici à créer un mousseux intense, frais et rond en bouche. Mais ici aussi il faudra un peu attendre puisque la prochaine cuvée ne sera disponible qu’au mois de décembre.
Envie d’y faire un tour? Passez au chais pour emporter la carte de leur balade au cœur des vignes. Un parcours d’environ 6 kilomètres, que vous pourrez clôturer par une dégustation de retour au magasin (me – ve -sa : de 14h à 18h).
A Dalhem, à quelques pieds de vigne de la frontière linguistique, le Domaine des Marnières surplombe le Pays de Herve. Voilà près de 25 ans qu’un producteur de pommes a décidé de se lancer dans l’aventure de la vigne. Et deux décennies plus tard, le pari est gagné puisque les vins de Benoit Heggen sont aujourd’hui parmi les meilleurs vins produits en Wallonie.
Chardonnay, Pinot Gris, Pinot Noir mais aussi Gewurztraminer, Siegerrebe ou Solaris, on retrouve au Domaine des Marnières une variété de cépages sur plus de 3 hectares.
Et à côté de ces 6 cépages, Benoit Heggen a misé sur un petit nouveau: le Zweigelt. Ce cépage allemand est surtout cultivé en Autriche, mais on est impatient de voir ce que cela va donner en Belgique.
Côté cuvées, Benoit Heggen a choisi d’élaborer 4 vins tranquilles (sans bulles) et 2 mousseux. Et il y en a pour tous les goûts, du blanc et du rouge, du plus sec au plus liquoreux. mais toujours avec un souci de respect du terroir et de mise en avant des spécificités des sols.
À côté des 6 vins actuellement disponibles, Benoit Heggen a créé la cuvée « La Petite Marnière ». Un vin rouge 100% Pinot Noir en sélection parcellaire, avec des vignes qui datent de 2006. Le nom de la cuvée fait quant à lui référence au sous-sol qui va donner toute son expression au vin: la marne, un mélange d’argile et de calcite.
En conclusion, respect du terroir, amour du produit et faibles rendements, voilà la recette des vins de Benoit Heggen. Et des vins accessibles qui plus est, puisque les vins tranquilles ne dépassent pas les 12 euros au domaine.
Découvrez les spécificités de ces vins ainsi que le portrait de ce vigneron dans l’article « Rencontre avec Benoit Heggen, le « vitisculpteur » du Pays de Herve ».
À la base, le domaine était une ferme qui cultivait des céréales et produisait de la viande bleu-blanc-belge. C’est l’arrivée du Domaine du Chenoy, situé à un jet de pierre (dans la même rue à vrai dire…), qui donne à Jean-François Bael l’idée de transformer son exploitation agricole en vignoble.
Gradué en agronomie, le jeune vigneron commence en 2005 avec 1 hectare de Johanniter. En 2014, il récoltait également de l’Auxerrois, du Dornfelder et du Solaris, mais aussi du Pinot Gris et du Chardonnay.
C’est en 2010 que le Ry d’Argent produit ses premières bulles avec la Cuvée Audrey, en méthode traditionnelle. Des bulles qui représentent aujourd’hui 95% de la production.
On est désormais loin de la petite exploitation familiale. Le Ry d’Argent s’est étendu, en achetant des parcelles au-delà de ses terres : 3 hectares de plus à Braives, 5 autres à quelques kilomètres de là, ½ hectare au Château de la Poste. Une façon de diversifier les terroirs mais aussi de diminuer le risque de perte en cas de grêle.
Le Ry d’Argent développe aussi le volet « prestation de services ». Jean-François Bael crée par exemple des cuvées particulières pour de grands restaurants. Il produit également des vins mousseux pour d’autres vignobles (qui profitent de leurs installations). Enfin, il élabore également d’autres vins sous le nom de BGP Wine, distribués en grande surface.
Le Ry d’Argent est un vignoble qui a pris le tournant de l’export et qui porte les vins belges au-delà de nos frontières.
[Article rédigé en août 2019]